L’année 2020 restera gravée dans la mémoire collective comme celle de la pandémie de la Covid-19. Ce virus, apparu en Chine à la fin de 2019, a bouleversé le monde entier en quelques mois, obligeant de nombreux secteurs d’activité à s’adapter, à évoluer ou à s’arrêter momentanément. Le domaine du divertissement traditionnel a été particulièrement affecté. Pour n’en prendre qu’un exemple, l’industrie du casino, fortement axée sur les interactions sociales et les espaces fermés, a été particulièrement touchée. La fermeture des établissements a cependant donné naissance à de nouvelles opportunités, notamment dans le monde du jeu en ligne.
En France
Entre autres établissements fortement impactés, les casinos de Normandie ont traversé une période difficile durant 2020 et 2021 en raison des fermetures imposées par l’épidémie de Covid-19. Cette situation a non seulement affecté leurs finances, mais également les contributions financières qu’ils reversaient aux municipalités où ils sont situés.

Saint-Pair-sur-Mer
Le Joa Casino de Saint-Pair-sur-Mer a connu une année comptable difficile avec sept mois de fermeture entre novembre 2020 et octobre 2021. Les chiffres de 2021 montrent une perte nette de 2,2 millions d’euros, dont près de 2 millions concernent uniquement les machines. Cela représente une baisse de 46 % du CA habituel. Thierry Soudry, directeur du casino, note également une diminution de 50 % de la fréquentation avec 35 000 visiteurs contre 70 000 en temps normal.
Malgré la mise en place du pass sanitaire en juillet, qui a permis de regagner une partie de la clientèle senior, les jeunes sont restés absents. Par ailleurs, le restaurant de l’établissement a enregistré une baisse de 13 %. La maire, Annaïg Le Jossic, confirme l’impact sur les finances municipales, même si des compensations de l’État ont été reçues en 2021. En cas de crise et face aux obstacles mise en place par le pass, les jeux, les cinémas, les restaurants sont restés les lieux que les consommateurs préféraient éviter.
Cherbourg
Autre exemple, au casino Cogit de Cherbourg-en-Cotentin, le directeur Arnaud Jalaber soulignait l’importance cruciale jouée par le chômage partiel et les aides étatiques face à la crise du Covid-19. Avec près de sept mois de fermeture, le casino aurait vu sa trésorerie s’épuiser dès juin 2021. Si l’établissement a pu rouvrir progressivement, il est à noter que 90 % de son chiffre d’affaires provient des machines à sous et des roulettes électroniques.
Malgré l’arrêt des animations et spectacles, tous les employés ont conservé leur poste. La crise a entraîné une perte de 50 % du chiffre d’affaires, soit une diminution de 2 millions d’euros par rapport à une année typique comme 2018-2019. De plus, le timing de la pandémie a été d’autant plus difficile que le casino venait d’investir 6 millions d’euros dans des rénovations.
Bagnoles-de-l’Orne
Le casino de Bagnoles-de-l’Orne, seul établissement de jeux de l’Orne et propriété du groupe Joa, a connu lui aussi une année 2021 difficile avec une fermeture s’étendant sur près de six mois. Son directeur, Emmanuel Boisgontier, indique que le chiffre d’affaires a chuté de 55 % par rapport à 2019, une année pleine. Par ailleurs, l’hôtel du Béryl, également associé au groupe Joa, présentait des résultats similaires. Historiquement, ces deux établissements cumulaient un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros, des revenus littéralement dévastés par la crise sanitaire qui, ont le sait, a aussi conduit de nombreuses discothèques, hôtels ou restaurants à mettre la clef sous la porte.
En raison de la fermeture, la taxe sur les jeux normalement versée à la commune de Bagnoles-de-l’Orne a, elle aussi, nettement diminué, n’atteignant que 661 000 € pour l’année comptable 2020-2021, contre 1 616 168 € en 2019. On imagine bien l’impact des dommages collatéraux d’une telle baisse. La municipalité a également réduit certaines contributions du casino destinées aux événements publics. Des projets de rénovation du casino ont été lancés pour attirer de nouveaux clients, bien que certains aient été reportés en raison de la crise. le directeur de l’établissement souligne que sans l’aide de l’État, la réouverture aurait été impossible.
La montée en puissance des casinos en ligne
Sans grande surprise, alors que les portes des casinos terrestres restaient fermées, les joueurs, en quête d’évasion et de divertissement, se sont tournés vers les plateformes de jeux en ligne. Les jeux d’argent sur internet ligne n’étaient certes pas un phénomène nouveau, mais la pandémie a clairement boosté leur popularité.
Confiné chez eux, les joueurs ont ainsi pu découvrir une pléthore d’options en ligne. Des machines à sous aux jeux de table, en passant par les jeux en direct avec de véritables croupiers, l’expérience en ligne a offert aux amateurs de casino une alternative attrayante pendant le confinement. De plus, de nombreux casinos en ligne ont proposé des promotions et des bonus attractifs pour attirer de nouveaux joueurs et fidéliser leur clientèle existante.
Ce report vers les jeux en ligne a d’ailleurs atteint un tel point que l’observatoire du jeu français s’est inquiété de possibles retombées négatives ou de possibles additions sur les populations les plus jeunes et les plus fragilisés.
Le COVID n’est pas responsable à lui seul du succès des casinos en ligne. Si ces établissements attirent les joueurs c’est que la technologie a également joué un rôle majeur. Avec l’évolution rapide des technologies de streaming et de réalité virtuelle, les casinos de la toile internet peuvent aujourd’hui offrir des expériences de jeu plus réalistes et immersives que jamais. Pour un peu, les joueurs peuvent presque ressentir l’excitation d’être dans un casino réel, tout en restant dans le confort et la sécurité de leur maison.
Au fond, face à une virtualisation de plus en plus grande des loisirs : plus d’achats en ligne, plus de restauration à domicile, plus de jeux vidéos et de loisirs virtuels ou dématérialisés, toujours plus de temps passé sur les réseaux sociaux, il est presque logique que les jeux de hasard et d’argent suivent eux-aussi le mouvement.